Ecrire en Gascogne
Qui: A Chapter Away
Quoi: Ateliers d’écriture anglophone
Où: Miradoux
Quelle était votre vie avant de venir en Gascogne ?
Au bord du fleuve, dans une vieille maison en briques rouges sur la Seine au nord-ouest de Paris. Devant, il y avait une cour pavée protégé par un porche clos. A l’arrière nous avions un petit verger d’où je pouvais voir les péniches voguer sur le fleuve. A cette époque, La Frette sur Seine était une ville dangereuse du Val d’Oise. C’est aujourd’hui devenu une perle où il fait bon vivre. Pour les britanniques, c’était auparavant un peu comme Brixton dans les années 80. C’est une maison joyeuse à côté de l’église. J’y ai trouvé le journal le journal de l’ancien propriétaire qu’il avait écrit lorsqu’il était soldat lors de la première guerre mondiale. Pour un écrivain, c’était une trouvaille extraordinaire. Il aurait dû mourir avec ses compagnons de régiment tous morts sur la Somme sous les obus, mais il avait eu une permission de trois jours, qu’il avait passés dans ma maison, pour les obsèques de sa mère. Un jour, j’aimerais écrire son histoire – tout y est, jour après jour, avec cartes et dessins faits par lui-même.
Pourquoi avoir choisi Miradoux pour les ateliers littéraires A Chapter Away?
J’aime la vieille bâtisse du 18ème siècle, où nous faisons les cours, avec ses décors allant de l’Orient à l’Angleterre et parsemés de meubles antiques français. C’est le genre de maison que je retrouvais dans mon enfance dans les livres d’Agatha Christie. C’est le genre de maison que je n’imaginais pas ailleurs que dans un livre. Il y a une pièce dédiée à la peinture et au dessin, un salon, une librairie, et un passage secret qui descend à la cave à vin. C’est le style de maison où le colonel Moutarde pourrait se faire avec un objet contondant. Si le salon est dans un style oxfordien, le soleil, qui tape dans les vitres faisant face aux Pyrénées, nous rappelle que l’on est en terre de Gascogne. J’ai pensé que ce serait l’endroit idéal pour nos écrivains souhaitant échapper au monde et expérimenter un chapitre ailleurs.
Pourquoi cette passion pour les ateliers littéraires? Pourquoi ne pas juste écrire à la maison, seule?
Il y a quelques années, j’ai participé pendant une semaine à un atelier littéraire à Lancaster. C’était la première fois que je me retrouvais enfermée avec d’autres écrivains et pour la première fois je réalisais que l’écriture était un art que l’on pouvait prendre au sérieux. L’université de Lancaster a expérimenté l’idée des retraites d’une semaine pour les écrivains et tenta une première fois l’expérience avec un atelier littéraire à Bordeaux. La notion d’évasion combinée avec le soleil et des paysages d’une beauté époustouflante m’ont inspiré et donné envie de tenter l’aventure dans la région. L’idée de pouvoir prendre un peu de recul, assise contre un olivier avec un verre de vin en se concentrant pendant cinq jours sur son écriture, accompagné non seulement par d’autres écrivains en herbe mais également par des auteurs à succès qui ont transformé le rêve en réalité, était trop tentante. J’ai tellement entendu que beaucoup de manuscrits restaient des semaines sous une pile avant d’être retournés sans jamais avoir été ouverts que j’ai imaginé l’aubaine que ce serait pour un jeune écrivain de pouvoir présenter son travail directement à un agent littéraire et connaître son avis lors d’un face à face.
Avez-vous écrit sur la Gascogne ?
Oui, un pièce nommée « Cinq à sept ». J’ai placé la scène dans les années cinquante et le personnage principale est un commercial de Lectoure d’origine rurale qui doit partir pour Paris où l’attend un nouvel emploi. C’est un peu un recueil d’histoires que j’ai entendues des gens du cru. J’ai longtemps été intriguée par le fait que longtemps après la seconde guerre, il n’y avait de panneaux indicateurs sur les routes. Ils avaient été enlevés pendant la guerre afin de désorienter les Allemands. C’était à l’époque une communauté très soudée où chacun connaissait la vie de son voisin. Les gens d’ailleurs étaient rares jusqu’à ce que les premiers britanniques arrivent au début des année 60. C’est une période de l’histoire de Gascogne qui m’intéresse vraiment. Le maire de Fleurance, Maurice Messegué, herboriste réputé pour ses plantes médicinales et qui aurait soigné la reine Elizabeth II, fut l’instigateur de l’arrivée du tour de France à Fleurance pendant plusieurs années. C’était une époque où la Gascogne avait presque une renommée mondiale. Aujourd’hui il y a encore des enclaves bloquées dans le temps avec des maisons dont on croirait les intérieurs décorés pour un film sur les années 50, 60 ou 70. Les Gascons ne semblent pas avoir été pris par la mode, comme l’ont été les Britanniques, de la rénovation des vieilles maisons en pierres. Il fut une époque où ils préféraient les détruire pour construire des maisons plus modernes.
Un jour comme les autres en Gascogne ? Un jour idéal ?
Chaque jour est différent mais j’essaie toujours d’aller au marché de Lectoure qui a lieu tous les vendredi matin. C’est une rue très animée, bordée de stands vendant de délicieux fromages, légumes, charcuterie et autres produits. Je rencontre toujours des amis ce qui finis toujours par un repas dans un des restaurants. C’est aussi un bon endroit pour rencontrer tout le monde que vous l’ayez planifié ou pas. Parcourir la rue de haut en bas prend des heures car vous êtes arrêté tous les deux pas pour dire bonjour à une connaissance.
Un jour idéal : un dimanche, un café et quelques heures devant mois pour écrire dans un de mes cafés favoris ou à la maison. Diner avec des amis. Ce soir nous mangeons chez nos meilleurs amis : Stéphanie est parisienne et Petr est de Prague et nous mangerons un repas traditionnel anglais, un hachis parmentier mais de canard Gascon!