Brocante & Vinyles…

Qui: Sue & Richard
Où: ‘Village des Brocanteurs’ Lectoure

Quelle était votre vie avant de venir en Gascogne ?

Richard travaillait en tant qu’ingénieur dans le nucléaire et j’avais une agence de recrutement au Royaume-Uni. Nous étions toujours très occupés, et en dehors du travail, peu de temps libre. Richard a pris sa retraite anticipée et de mon côté, j’avais atteint un stade de ma carrière où la pression devenait insurmontable. Nous voulions sortir du panier de crabe que notre vie en Angleterre était devenue. Nous avons d’abord pensé à déménager dans le Dorset, au sud de l’Angleterre, près de Lyme-Regis mais les prix étaient trop élevés. Alors, nous avons opté pour la France.

Pourquoi la Gascogne ?

Nous n’avons pas débuté notre aventure française en Gascogne. Nous avons tout d’abord acheté un appartement à Cannes pour les vacances. Cannes est très beau mais impersonnel. Nous avions tous les deux l’envie de continuer notre aventure au sein d’une communauté plus petite et plus enrichissante. Nous avions des envies de campagne et d’un chien !

Une fois l’appartement de Cannes vendu, nous sommes revenus avec l’idée de nous installer en Gascogne. Cela nous a traversé l’esprit que les paysages ressemblaient à ceux que nous aimions tant dans le Dorset – mais le prix des maisons était incomparablement plus bas.

Comment la Gascogne a-t-elle changé au fil des années ?

Cela s’est développé, doucement, à son propre rythme, bien que cela soit devenu beaucoup plus cosmopolite avec des salons de thé, des boutiques et des restaurants, qui réussissent bien, et plus de choses à faire. Mais le charme et le rythme de vie tranquille ont été conservés malgré tout.

Votre maison d’alors ?

Votre maison maintenant ? Notre propriété est dans un état très basique. Elle appartenait à une dame espagnole qui nous a gentiment proposé de faire cuire une tortilla dans la cheminée de la cuisine. Lorsqu’elle a mis la poêle de côté et s’est retournée pour chercher des ingrédients, son chien a léché la poêle sans qu’elle le voie. Elle a fait cuire notre repas dedans !

La maison était pleine de courants d’air, les fenêtres étaient pourries. La propriété était une maison de maître typique de 4 pièces avec un couloir central et deux pièces de chaque côté. Le derrière de la maison était un hangar et, sous la maison à un niveau inférieur, étaient les animaux. Le toit est ce que nous appelons un toit aux trente bassines, c’est le nombre de bassines qu’il faut pour mettre en dessous des fuites !

Au premier abord, quand nous étions sur le chemin, nous avons pensé que la maison était trop petite. Au fur et à mesure que la propriétaire nous faisait visiter, nous nous sommes retrouvés comme chez Alice au pays des merveilles, elle ouvrait une porte derrière une autre porte et allait de pièce en pièce. Le niveau supérieur était délabré mais spacieux, la propriétaire vivait dans une toute petite partie de la maison.

Toutes les pièces avaient besoin d‘être rénovées mais c’est la vue qui nous a décidé. Alors que nous étions debout en train de regarder la vallée, Richard et moi nous sommes retournés l’un vers l’autre et avons dit en même temps : « On l’achète ». Nous ne connaissions pas le prix et nous n’avons pas négocié.

Les travaux vous ont-ils fait peur ?

Non. Richard est un ingénieur et nous savions que nous pourrions faire les travaux nous-mêmes, avec un excellent niveau de qualité.

Où est la propriété ?

Dans le petit village de Marsac, au nord de Saint-Clar. Saint-Clar a un marché et est connu comme le plus gros producteur d’ail de la région. Il y a le marché tous les mardis, plusieurs boutiques, cafés, boulangeries, pharmacies, cabinets médicaux, une banque et une école. C’est un petit bourg populaire qui a grossi depuis que nous y sommes.

Décrivez votre première nuit dans la maison.

Nous avons dormi la première nuit dans le petit salon sur le devant de la maison. Nous avons frissonné et grelotté toute la nuit. Il faisait très froid et les fenêtres tremblaient. Un animal courrait au premier étage et un hibou hululait dans le hangar. Le lendemain nous avons acheté une couverture électrique ! et peu de temps après, notre bull-dog français, Tubby. Or comme nous disons avec notre accent français récemment acquis : “Tu- bee or Not Tu- bee… telle est la question?” Notre nouvelle famille française était au complet!

Vous n’avez pas pour autant décidé de prendre une retraite « tranquille » ?

Quand nous avons emménagé en France, Richard a trouvé une « raison d’être ». Son but était de rénover la maison de maître. Je me suis retrouvée sans occupation – j’étais passée d’une vie de directrice avec des salariés pour m’occuper et un but dans la vie à une vie à me prélasser au soleil en mangeant de la nourriture fabuleuse. J’ai réalisé que, sans un projet pour m’occuper, j’allais m’encroûter car je ne suis pas du type à faire des confitures et des gâteaux. J‘avais besoin de trouver quelque chose qui me passionne. Loin de moi l’idée qu’une deuxième carrière allait s’offrir à moi. J’ai commencé à faire des vide-greniers. C’était une bonne manière de découvrir la région et d’apprendre le français. Avec la passion que Richard a pour la musique, nous avons décidé de nous concentrer sur les disques en vinyle, et en même temps, cela nous a permis de découvrir le monde du rock français et de la variété française.

Que faites-vous typiquement pendant le week-end ?

Relaxation autour de la piscine ? Nous avons une piscine, mais rarement du temps pour en profiter. Entièrement notre choix ! Nous aimons notre nouvelle vie. Nous nous levons à quatre heures et quart tous les samedis matin, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, et nous conduisons jusqu’à Toulouse et le merveilleux marché Saint-Sernin, à environ une heure de route. Le marché est un fouillis de stands autour de la magnifique basilique romane qui est la plus grande d’Europe. Nous avons notre propre stand et nous sommes maintenant connus des autres brocanteurs. Les gens viennent nous voir régulièrement et nous avons rencontré des passionnés de disques vinyle du monde entier.

Cela soit être parfait pour votre français !

Bien sûr ! Même si la musique est une langue internationale et que nous nous débrouillons pour avoir des conversations avec des gens venant de Cuba ou de Corée.

Aviez-vous imaginé que votre aventure française prendrait cette tournure ?

Quand on compare où nous avons commencé et où nous sommes maintenant, c’est incroyable. Il n’y a pas d’autre mot. Nous travaillons plus maintenant que nous n’avons jamais travaillé mais ce n’est pas par nécessité mais par passion et bonheur. C’est le meilleur job que nous avons eu. Cela est enrichissant et on ne s’ennuie jamais. Je pourrais écrire un livre sur les personnes qui viennent nous voir toutes les semaines. Avant notre mariage, Richard avait une jolie petite maison à Knutsford et j’avais une maison Géorgienne à Altrincham, également dans le Cheshire. Nous avions une décoration minimaliste sans un grain de poussière ou un brin d’herbe qui dépassait de la pelouse. Aujourd’hui, notre couloir gascon est rempli des objets que nous allons vendre sur le prochain marché, aujourd’hui par exemple un buste de Lénine, un renard empaillé, un caïman et trois fois plus de meubles que n’en contenaient nos deux maisons en Angleterre.

Vous avez sauté le pas et avez commencé votre société en France et ouvert votre propre boutique ?

Oui, nous sommes à Lectoure dans l’ancien hôpital qui est devenu le Village des Brocanteurs – c’est un lieu étonnant à visiter. Un monde d’antiquités à l’intérieur du château des comtes d’Armagnac. Ici, une poignée d’antiquaires et de brocanteurs ont installé leur boutique avec leurs trouvailles. Le Village attire des gens tout autour de Lectoure et nous avons une boutique sous les arcades en pierre. Nous y sommes tous les week-ends pendant l’hiver et tous les jours en juillet et en août. Nous avons également un stand l’été rue Nationale quand il y a le marché du lundi soir qui est devenu extrêmement populaire.

Venez nous dire bonjour !